Loi Coppa et YouTube : mythes et vérités
Si lorsque vous entendez le mot « Coppa », vous pensez immédiatement à la charcuterie italienne du même nom (et aux « raclettes party » que vous affectionnez tant), cet article va vous intéresser. Car depuis 1998, le mot « Coppa » est aussi le nom d’une loi américaine visant à protéger la vie privée des plus jeunes lorsqu’ils utilisent internet, démarche plus que louable à première vue. Pourtant, nombreux sont les YouTubeurs (professionnels ou amateurs) qui tirent la sonnette d’alarme sur les inconvénients de la loi Coppa, quand ils ne crient pas directement à la mort de l’aspect promotionnel de YouTube. Pourquoi la loi Coppa fait-elle peur ? Est-elle applicable en France à l’heure actuelle ? Qu’est-ce qui va changer dans la promotion musicale sur YouTube avec la loi Coppa ? Les attachés de presse spécialisés en musique de Dooweet vous éclairent sur les différents aspects de cette loi.
Une loi censée protéger les enfants sur internet mais déjà décriée
Face à l’engouement autour de cette fameuse loi Coppa de 1998, qui aurait cru que la mouture 2020 de cette loi allait être autant pointée du doigt ? Car la nouvelle version de la loi Coppa prévoit de s’attaquer au géant du streaming YouTube et à ses YouTubeurs. En cause ? Une gestion floue des données personnelles de nos têtes blondes. En effet, lorsque votre petit dernier regarde des vidéos de gaming ou de son artiste préféré sur YouTube, il peut être amené à partager, à liker, ou encore à consulter d’autres pages en lien avec leurs vidéos. C’est là que l’industrie de la gestion de données entre en scène et s’emploie à collecter des informations personnelles sur la personne qui utilise internet, sans se préoccuper de son âge.
Pour simplifier au maximum le principe de la loi Coppa, cette dernière souhaite désormais s’opposer à la collecte des données des mineurs de moins de 13 ans, et ce afin d’éviter toute dérive commerciale qu’un enfant risque de ne pas mesurer. En outre, une meilleure gestion du contenu réservé à un jeune public limite les dangers du net orchestrés par des personnes mal intentionnées, même si elle ne les éradique pas pour autant.
Cette loi américaine s’applique d’ores et déjà pour les vidéos publiées Outre-Atlantique sur YouTube. Chaque vidéo publiée doit être ciblée pour adultes ou pour enfants. Mais attention : un contenu destiné aux enfants n’aura désormais plus les mêmes outils qu’un contenu pour adultes. La version jeune public perdra notamment son bouton J’aime, sa zone de commentaires ou encore ses possibilités de transmettre des liens externes. En somme, YouTube redeviendrait une simple plateforme de visionnage, limitant au maximum les retombées promotionnelles ou commerciales.
Vous utilisez YouTube pour promouvoir votre musique et vous ne souhaitez pas perdre les liens qui peuvent vous générer des vues supplémentaires ? Cela se complique avec la projection de la loi Coppa. Prenez garde à la tentation de mettre tout votre contenu accessible aux adultes, pour ne rien changer à vos habitudes. Imaginons qu’un enfant se connecte à votre contenu, vous pourriez vous voir infliger une amende record (plus de 40 000 $) pour ne pas avoir audiencé correctement vos vidéos. Pour rappel : on désigne par vidéo audiencée sur YouTube une vidéo qui indique clairement à qui elle est destinée (un contenu audiencé pour adultes ou pour enfants par exemple).
Une forte responsabilité sur les épaules du YouTubeur
Vous ne rêvez pas : si l’on applique stricto sensu la loi Coppa, un YouTubeur montré du doigt par un parent parce que son enfant a consulté un contenu audiencé pour adulte pourrait se voir dresser une amende. Pire, cette amende pourrait être envisagée à la suite d’une erreur de désignation de public, par exemple si vous souhaitez mettre en ligne une vidéo pour adulte et que son contenu soit considéré comme « immature » et donc accessible à un jeune public. On marche sur la tête…
Comment un YouTubeur pourrait contrôler l’âge de la personne qui visionne sa vidéo, autrement qu’en le demandant clairement par un simple clic sur un bouton « Je confirme être âgé de plus de 13 ans », dont la véracité et l’efficacité reste pour le moins contestable ? Le YouTubeur doit-il reprendre toutes ses publications pour en modifier l’audience afin d’éviter tout risque ?
Le spectre du machine learning et ses limites
Le principe de sélection d’audience pour une vidéo YouTube n’est pas nouveau, les utilisateurs de cette plateforme en ont a minima une vague notion. Avec la loi Coppa, cette sélection entre vidéos pour adultes et pour enfants se généralisera. À celles et ceux qui souhaitent d’ores et déjà se laisser porter par le mouvement, oubliez tout de suite. À défaut d’une bonne sélection d’audience pour votre vidéo YouTube, la loi veut imposer à la plateforme un système de machine learning. Sans rentrer dans le détail, il s’agit d’un logiciel « intelligent » qui ciblera et étiquettera toutes les vidéos selon son analyse, avec une marge d’erreur impressionnante au passage.
Selon de nombreux YouTubeurs français et internationaux, cette automatisation d’étiquetage et donc ce choix de diffusion de contenu (ou non) ne protégera pas davantage les enfants sur le web. Plusieurs réseaux sociaux ne sont accessibles qu’à partir de 13 ans, et tout le monde a un enfant de son entourage qui a déjà son compte personnel avant cet âge. Par ailleurs, cette « majorité numérique » n’est pas la même d’un pays à un autre, ce qui ne pourra qu’occasionner des inégalités sans protection supplémentaire pour autant. Enfin, n’oublions pas que le monde du streaming a bouleversé les modes de consommation, y compris pour les plus jeunes. Les parties de billes d’antan sont remplacées par les réseaux sociaux, et malgré une vigilance accrue, un enfant qui voudra consulter un site non autorisé se débrouillera toujours pour le faire…
Qui est concerné par la loi Coppa (et qui le sera bientôt) ?
Aux États-Unis, le volet relatif à la protection de l’enfance sur internet de la loi Coppa a été voté en 2018 pour une application au 1er janvier 2020. Depuis cette date et sur le sol américain, la publication de nouveau contenu sur YouTube doit répondre à une sélection d’audience précise. Vous l’aurez compris, et on ne peut pas faire plus clair : la loi Coppa ne s’applique pas en France à l’heure actuelle. Dans ce cas, pourquoi en faire un article ? Parce que si la loi Coppa ne concerne pas les vidéos de contenu françaises pour le moment, il y a fort à parier que cela ne tardera pas. Autant prendre les devants et anticiper ce changement quasiment inéluctable.
Ceci étant dit, si la plupart des YouTubeurs rejettent en bloc cette nouvelle loi, la plateforme elle-même prend les choses en main pour expliquer l’aberration d’une stricte application. Elle demande dans un courrier officiel des compléments d’informations sur la loi Coppa à la FTC (la commission officielle en charge de cette application), mettant en exergue de nombreuses incohérences et occasionnant de grosses pertes financières pour le YouTubeur (comme pour la plateforme elle-même).
Et pour la promotion musicale sur YouTube, cela change quoi ?
À cette question, nous pourrions répondre « tout et rien ». La loi Coppa change la promotion musicale en ciblant davantage le public auquel les créations artistiques sont destinées. Mais il convient de préciser que cette loi ne s’applique pas ailleurs qu’aux États-Unis, et que même sur le territoire américain, l’application est déjà difficile. Votre chaîne YouTube a destination de vos fans a donc encore de beaux jours devant elle si elle est française, d’autant que le principe de rétroactivité d’une loi ne s’applique pas en France.
Précisons toutefois que de nombreux YouTubeurs proposent leur contenu dans leur pays d’origine, mais de plus en plus dans d’autres pays. Actuellement, l’impact de la toute récente loi Coppa est encore flou, même si les autorités compétentes précisent que les conditions de publication et de revenus du YouTubeur accusé de mal audiencer ses vidéos seront étudiées avant toute contravention.
Si vous prédestinez vos créations musicales aux enfants
En tant qu’artiste, vous avez le droit de choisir à qui vous prédestinez vos œuvres musicales, y compris si vous souhaitez vous adresser à un jeune public. Dans ce cas précis, il est préférable d’étudier les avantages et les inconvénients d’un étiquetage pour jeune public, qui certes aura un impact sur les options accessibles, mais qui renforcera automatiquement une image fiable dans la tête des parents, qui in fine restent les consommateurs principaux (ceux qui achèteront votre musique pour leur enfant).
Et pour les autres…
Si vous ne destinez pas particulièrement vos vidéos à des enfants, une hypothétique application de la loi Coppa en France ne devrait pas avoir d’incidence irrémédiable sur votre chaîne YouTube. Ainsi, la gestion de votre chaîne officielle par vous-même comme par notre agence de promotion musicale continuera à générer des vues supplémentaires sur vos clips ou vos musiques. En outre, si le principe de précaution est plus que légitime en ce qui concerne les enfants, il est difficile d’imaginer la responsabilité d’un YouTubeur ayant signalé l’un de ses contenus comme destiné à un adulte lorsque qu’un enfant contournera sciemment les règles d’accès, comme il peut le faire régulièrement sur d’autres sites.